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1919: la Paix?

par Aline Fryszman, professeur d'histoire en Khagne

La thèse d'Aline Fryszman porte sur la première guerre mondiale. Elle a participé à la muséographie du mémorial de Péronne; dans la biographie collective consacrée à Etienne CLEMENTEL, elle est l'auteur du chapitre La sortie de guerre d'Etienne Clémentel (1919-1924).

    Pour comprendre 1919, cette année cruciale de la sortie de guerre, il est nécessaire de revenir au 11 novembre 1918 et à l’armistice, car les manières dont les opinions ont accueilli la défaite ou la victoire, et les règlements de la paix, ont joué à plein. Les Conférences de Paris organisées entre vainqueurs débouchent sur la signature du traité de Versailles en juin 1919 qui proclame la responsabilité allemande dans le déclenchement de la guerre, puis des autres traités, de Saint Germain en septembre 1919 entre les Alliés et l'Autriche, le 27 novembre 1919 celui de Neuilly avec la Bulgarie, puis en 1920, le 4 juin, le traité de Trianon avec la Hongrie, le 10 août celui de Sèvres entre les Alliés et l'Empire ottoman (il sera annulé par le traité de Lausanne signé le 24 juillet 1923), et le 11 août le traité de Riga entre la Lettonie et la Russie. 1919 enclenche donc le processus de sortie de guerre et de règlement de la paix.
    Or on s’aperçoit d’une part, que la signature de la paix ne met pas fin à l’hostilité entre les belligérants, et d’autre part, si l’on semble sortir de la guerre, la violence de guerre se poursuit, les conditions de la paix sont parfois refusées et la démobilisation culturelle est problématique.

De l’armistice aux traités de paix

    Les pourparlers concernant l’armistice commencèrent dès le 8 novembre.  Les Allemands ont été informés des conditions imposées par les Alliés et leur demande de délai supplémentaire fut refusée. Le gouvernement allemand dut l’accepter et autoriser le sous-secrétaire d’Etat Erzberger à signer à Rethondes l’armistice. Il prend effet le 11 novembre à 11h et officialise la fin des combats sur tous les fronts. Mais l’hostilité envers le vaincu allemand s’est poursuivie. L’expulsion des Allemands d’Alsace en est la manifestation la plus radicale. Ces Altdeutsche ou les Schwowa (les Souabes) en parler alsacien familier, sont les termes employés pour désigner tous les Allemands qui n’étaient pas originaires d’Alsace. 120 000 étaient venus entre 1871 et 1914. Avant même l’armistice, dès le 2 novembre, les Français ont décidé de les expulser en nombre. Cette épuration selon le mot de l’époque, se fait dans un contexte de fortes tensions entre Alsaciens et Allemands dues bien entendu à la victoire, mais aussi à la crise économique, aux problèmes de ravitaillement et au chômage. Ils ont 24 heures pour quitter l’Alsace avec 40kg de bagages. Ces premières expulsions en novembre et décembre 1918 sont souvent accompagnées de violence. Les populations ont été classées selon leurs origines. Dans ce cadre, des enfants nés en Alsace mais de parents allemands étaient visés, contrairement à la tradition française et républicaine du droit de nationalité. C’est le résultat de la haine du temps de guerre, d’un racisme antiallemand biologisé pendant le conflit, y compris semble-t-il au sein des populations alsaciennes. A Strasbourg, on estime ainsi entre 28 000 et 29 000 le nombre de départ d’« Allemands » entre novembre 1918 et novembre 1921. Ces expulsions ont joué un rôle hautement symbolique et secondairement, ont pu améliorer la condition des Alsaciens. Systématiquement, les élites allemandes ont été chassées comme les professeurs de la Kaiser-Wilhem-Universität, pratiquement tous expulsés.
    A partir de janvier 1919, les vainqueurs aux vues parfois divergentes, ont négocié entre eux le traité de Versailles dont le texte n’a pu être qu’approuvé par les Allemands sous la contrainte de la reprise des combats. Les Français ont une hostilité de principe envers les Allemands, relayée le plus souvent par les Belges. Dans leur grande majorité, les responsables politiques français espérent détruire la puissance militaire allemande, voire démanteler le Reich. Britanniques et Américains apparaissent plus modérés et Orlando l’italien plus en retrait. Clemenceau est partagé entre le désir d'une politique de force pour imposer les revendications de la France, et l'acceptation d'une politique de sécurité appuyée sur les Alliés. Mais la nécessité du maintien de l'alliance avec les Anglo-Saxons, la faiblesse économique (dévastation du Nord et de l'Est, lourdes dettes intérieure et extérieure), les ambitions des Anglais sur l'Empire ottoman le contraignent à renoncer à ses buts impérialistes. Le 7 mai 1919, le texte est solennellement présenté au chef de la délégation allemande, le comte Brockdorff-Rantzau, et le gouvernement allemand, contestant notamment l’article 231 qui proclamait la responsabilité allemande du conflit, ne peut le négocier. Il s’agit bien d’une paix des vainqueurs. Mais, comme le souligne l’historien allemand Hagen Schulze, les hommes d’état alliés ont agi bien plus modérément que les militaires et les opinions publiques des pays vainqueurs ne l’avaient souhaité.
    Ce traité fut avant tout une affaire franco-allemande doublement symbolisée par le choix de la date de la signature à Versailles, le 28 juin 1919, cinq ans jour pour jour après l’assassinat de François-Ferdinand, dans les lieux mêmes où avait été proclamé le Reich allemand en 1871, et par la présence d’une délégation française de gueules cassées, victimes symboliques de la responsabilité allemande qui défigura par la guerre l’humanité. La signature du traité a été peu célébrée en France, signe que la paix ne remplit pas sa fonction de mettre un point final au conflit. En effet, l’Allemagne étant jugée responsable, doit payer. Le traité prévoit des pourparlers par une commission des réparations pour en aménager le paiement, ce qui par la suite, a entretenu le sentiment dans l’opinion publique française que la paix n’était pas tout à fait acquise.
    Avec le démantèlement des empires, La nouvelle Europe est morcelée. En vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, porté par le président américain Wilson dans ses fameux 14 points, la Pologne proclame son indépendance le 11 novembre 1918. Le 12 novembre c'est le tour de l'Autriche, puis de la Tchécoslovaquie le 28, du royaume des Serbes, croates et slovènes (qui deviendra la Yougoslavie) le 1er décembre. Le Traité de Saint-Germain-en-Laye bouleverse la géographie de l'Europe centrale puisqu'il fait éclater l'empire d'Autriche et crée à la place de nouveaux pays (Tchécoslovaquie, Yougoslavie) ou permet l'agrandissement de pays existants (Italie). De plus, il interdit l'union (Anschluss) entre l'Autriche et l'Allemagne. L'Italie s'empare du Tyrol (en partie peuplé par des Italiens, mais aussi par une majorité d'Allemands) et du Trentin, contrôlant ainsi les cols et vallées alpins. L'Italie parvient à prendre l'Istrie et l'important port de Trieste malgré les revendications yougoslaves. La région des Sudètes, une zone de montagne pouvant servir de frontière avec l'Allemagne riche en minerais métalliques, est donnée à la Tchécoslovaquie. La présence de plusieurs millions d'habitants germanophones implantés depuis des siècles dans les Sudètes n'est pas prise en compte, ce qui est une source de conflit possible. La Styrie du sud et une petite partie de la Carinthie, sont données à la Yougoslavie. La population du reste de la Carinthie, par un plébiscite organisé en octobre 1920, obtient son maintien dans l'Autriche. La Pologne recréée obtient la Galicie. L'Autriche, devenu un petit pays peuplé de populations germaniques. La Hongrie, est indépendante dès le 16 novembre 1918 mais elle fait partie du camp des perdants. Alors qu’elle disposait d'un statut favorable et d'un territoire étendu au sein de l'Autriche-Hongrie depuis 1867, le traité de Trianon ampute le nouvel état des deux-tiers de son territoire et jette hors des frontières trois millions de Hongrois. La Hongrie devient alors un état-croupion. A la tête du gouvernement monarchique de Hongrie, en attendant une hypothétique restauration des Habsbourg, l'amiral Horthy, nommé régent du royaume après l'échec de la République des Soviets de Bela Kun (créée en mars 1920), s'appuie sur les ressentiments des Hongrois pour développer une politique nationaliste réclamant la révision des traités.
    La Russie soviétique est isolée. La Finlande et les Pays baltes forment avec la Pologne, une bonne partie du cordon sanitaire prévu pour contenir le bolchevisme, que les Grands estimaient incompatible avec les grands principes qu’ils entendaient promouvoir.
    Enfin, l’Allemagne est diminuée. Elle perd 15% de son territoire et 10% de sa population. La France récupère l'Alsace-Lorraine perdue en 1871. La Belgique annexe quelques villes frontalières avec l'Allemagne. Le Danemark reprend certains territoires perdus en 1864 après la guerre contre l'Autriche et la Prusse. La Sarre, riche en charbon, est placée sous administration internationale pendant 15ans. La rive gauche du Rhin allemande est démilitarisée (mais non occupée). La Prusse orientale qui reste allemande est séparée de l'Allemagne par le corridor polonais qui aboutit à la ville libre de Dantzig. Les colonies allemandes sont distribuées en protectorat à la France (Togo et Cameroun), à la Belgique (le Rwanda et le Burundi), le Royaume-Uni s'empare de la Tanzanie et l'Afrique du Sud s'installe dans le Sud-Ouest africain (Namibie). Les concessions allemandes installées en Chine sont aussi perdues.
    Mais le problème des nationalités est laissé en suspens. La Pologne illustre bien la difficulté à appliquer le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : elle compte 8 200 000 allogènes. Le traité de Versailles ne définit que ses frontières occidentales. La Haute-Silésie est partagée entre la Pologne et l’Allemagne mais sans que ce découpage ne satisfasse les deux pays. Dans chaque partie, il y a en effet d’importantes minorités allemandes ou polonaises. L’Autriche se voit interdire l’Anschluss, au mépris du principe des nationalités cher à Wilson, mais Orlando et Clemenceau refusaient l’agrandissement de l’Allemagne. Le pays est donc réduit aux seules terres peuplées d’Allemands. La Tchécoslovaquie obtient la Slovaquie et la Ruthénie subcarpatique. Elle compte 3 995 000 allogènes dont trois millions de Sudètes germanophones. Le territoire de Teschen, peuplé en majorité de Polonais, est partagé entre la Pologne et la Tchécoslovaquie qui l’estime vitale pour son économie. La Yougoslavie est une juxtaposition de l’ancienne Serbie, du Monténégro, d’une partie de la Macédoine bulgare, de la Bosnie, de la Herzégovine, de la Croatie et de la Slovénie. Elle regroupe 1 792 000 allogènes. On le voit avec ces nouveaux états, le principe des nationalités a été difficilement appliqué et on a plutôt tenté de regrouper, autour d’une nationalité principale, différents territoires. L’Europe a été recomposée avec une tentative plus ou moins réussie d’application du principe des nationalités. Avant la guerre, soixante millions d’Européens appartenaient contre leur gré à tel ou tel pays. En 1919, il y en a trente millions, c’est-à-dire moitié moins. Mais parfois, ce sont de nouvelles minorités qui apparaissent, comme par exemple les Sudètes. Les conférences de Paris ont inauguré ce que Jacques Bariéty et Raymond Poidevin ont qualifié de guerre froide franco-allemande qui, au plan politique a duré jusqu’en 1924.

Sortie de guerre et poursuite de la guerre

    La violence de guerre s’est poursuivie et s’est reproduite. D’abord par la guerre civile totale en Russie. A partir d'avril 1918, les Alliés — français et britanniques — interviennent dans le Nord et dans le Sud du pays, mais d'abord pour contrer l'occupation allemande. Les bolcheviks ne sont pas initialement hostiles à leur arrivée. Ce n'est qu'après leur victoire de novembre 1918 que les Alliés prennent ouvertement position contre les Rouges et au côté des Blancs. Beaucoup de dirigeants occidentaux s'en tiennent à l'époque à la thèse d'un Lénine agent des Boches, et conçoivent au départ leur intervention comme un prolongement de la lutte contre l'Allemagne. S'y mêle ensuite la peur de la contagion révolutionnaire. Les deux camps principaux sont donc prêts à en découdre, sans hésiter à recourir à la violence de masse.

D’octobre 1917 à l’été 1922, cette guerre civile sociale et internationale, dans le pays des jacqueries paysannes, a été féroce et impitoyable.

Le général blanc Kornilov (mort en 1918) écrit :
        « Même s'il faut brûler la moitié de la Russie et verser le sang de trois quarts de la population, nous le ferons si c'est nécessaire pour sauver la Russie ».

Les pogroms antisémites que commettent ou laissent accomplir les généraux blancs font plusieurs centaines de milliers de victimes et constituent les pires massacres anti-juifs jamais commis avant la Shoah. Les Britanniques emploient des armes chimiques dans la région de Arkhangelsk. Des armées vertes constituées de paysans qui refusent conscription et/ou réquisitions sévissent et parfois se confondent avec des bandes de simples pillards qui brandissent le drapeau rouge ou noir pour couvrir leurs exactions. On estime à 4,5 millions le nombre de morts pendant la guerre civile, soit un peu plus de 3% de la population. Autre caractéristique de la guerre totale, l’intense propagande dans les deux camps. C’est le cas dans le conflit qui oppose Russes et Polonais pour les frontières.
    Chez les vaincus, on refuse parfois la défaite et les traités de paix. A la fin de l’été 1918, à droite et à l’extrême droite en Allemagne, on pense que le combat final n’est qu’ajourné alors que la défaite militaire est consommée. Ludendorff lui-même demanda l’ouverture de pourparlers d’armistice mais sous la responsabilité d’un nouveau gouvernement et du Parlement, ce qui lui permit de rejeter sur ce dernier la responsabilité de la défaite. Ludendorff et Hindenburg n’étaient pas prêts en effet à s’avouer vaincus en prenant la responsabilité de l’armistice, eux qui portaient pourtant celle de la défaite militaire. D’où l’idée d’une armée allemande invaincue sur le champ de bataille et la légende du coup de poignard dans le dos. Une propagande dont les principaux artisans sont Ludendorf et ses amis, pour qui le caractère imposé et non négocié de l’armistice ne doit pas être seulement reproché aux Alliés mais aussi, et même davantage, aux ennemis politiques intérieurs, sociaux-démocrates, communistes et juifs. Si les Allemands sont profondément divisés par la guerre et la défaite, et le sens à leur donner, ils se retrouvent dans une détestation du diktat, du Schandvertrag (=le traité de la honte), mais qui n’est pas facteur d’union. Les partis de droite et d’extrême-droite perçoivent immédiatement le potentiel mobilisateur et rassembleur de la thématique de la révision du traité. Le groupuscule du NSDAP en fait les deux premiers points de son programme de 1920, demandant la constitution d’une grande Allemagne réunissant tous les Allemands sur la base du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et l’abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain. La haine du traité rejaillit sur la république de Weimar.
    En Italie, la ville de Fiume, située au nord-est de l'Istrie, n'avait pas été mentionnée dans le traité de Londres de 1915, par lequel l'Italie avait monnayé sa participation à la guerre. A Versailles, les représentants alliés eurent donc tout loisir de refuser une annexion que réclamait à grands cris la population de la ville, majoritairement originaire de la péninsule, mais dont l'arrière-pays est slovène et relève du nouvel état yougoslave. En juin 1919, suite à de violents incidents opposant les troupes d'occupation italiennes et françaises, le Comité interallié décida de réduire le contingent italien et d'éloigner le régiment des grenadiers de Sardaigne, jugé responsable des événements. Des officiers de cette unité, repliée à Ronchi, près de Trieste, prirent alors contact avec D'Annunzio et lui offrirent le commandement d'une expédition sur Fiume. A l'automne 1919, à la tête de 20 000 hommes du régiment des grenadiers de Sardaigne, il annexe Fiume et y établit une éphémère dictature pendant plus d'un an. Dictateur charismatique, il allait tenir tête à la fois au gouvernement de Rome et aux puissances victorieuses, tout en préparant, avec la complicité des nationalistes et de nombreux syndicalistes révolutionnaires, une hypothétique marche sur Rome. Mais D'Annunzio dut capituler le 26 décembre et accepter l'établissement d'un gouvernement provisoire à Fiume, déclarée ville libre et placée sous la protection de la SDN. Pour Mussolini, qui avait commencé à lorgner du côté du pouvoir, l'affaire de Fiume était riche d'enseignements. Elle révélait à la fois la faiblesse de l'état libéral, les complicités qui pouvaient être obtenues dans l'administration et dans l'armée, l'attraction exercée sur les masses par une formule populiste associant le sentiment national et les revendications sociales. Mais elle montrait en même temps que seul un parti structuré et discipliné pouvait tirer parti de ces divers atouts. Il fonde à Milan en mars 1919 le Faisceau italien de combat. En Italie, le mythe de la victoire mutilée va ainsi nourrir une révolte contre les représentants de la classe politique traditionnelle, jugée responsable de l'humiliation infligée au pays par les démocraties victorieuses, et accélérer la conversion au nationalisme de combattants issus des rangs de l'extrême gauche.

Une lente démobilisation culturelle

    La démobilisation culturelle est le processus de sortie des représentations conflictuelles d’une guerre de mobilisation totale, y compris des esprits. Elle a été empoisonnée par des mauvaises relations franco-allemandes. La politique française repose sur le paiement des réparations, sans concession. Dans l’opinion publique française, le traité est perçu comme un minimum sur lequel il n’est pas possible de négocier. D’où une politique d’intransigeance vis-à-vis de l’Allemagne jusqu’en 1924.

    Le jeune officier Charles de Gaulle, de retour de captivité en Allemagne, en témoigne dans une lettre écrite le 25 juin 1919 à sa mère :
         « Voici donc la paix signée. Il reste à la faire exécuter par l’ennemi, car tel que nous le connaissons, il ne fera rien, il ne cèdera rien, il ne paiera rien qu’on le contraigne à le faire, à céder, à payer, et non pas seulement au moyen de la force, mais bien par la dernière brutalité ».

    La sécurité de la France dépend donc de la façon d’appliquer le traité par des Allemands jugés encore puissants.
    La victoire pour la France est une victoire triste marquée par les poids du deuil et l’émergence d’un pacifisme diffus. Les soldats sont des victimes à qui l’on doit une reconnaissance jamais suffisante pour apaiser les souffrances endurées. D’où une grande difficulté à sortir de la guerre comme l’étude locale du département du Puy de Dôme le montre. Comment sortir de la violence, de la haine et selon quelles temporalités de la démobilisation culturelle ? Après l’exultation de la victoire et de la fin du conflit en novembre, les six premiers mois de 1919 ont été ceux des premières déceptions profondes à la signature des traités de paix. De l’été 1919 à la fin de 1922 s’est amorcée une première phase d’une démobilisation culturelle très lente et inégale de l’opinion, remobilisée à nouveau en 1923 au moment de l’occupation de la Ruhr qui a fait renaître l’anxiété d’une reprise de la guerre. à partir du printemps 1924, s’ouvre une nouvelle période caractérisée par la recherche effective d’une sortie de guerre.
    Ainsi, en 1919, le traumatisme de la grande Guerre joue à plein et il marque les années suivantes. La politique de puissance semble plus que jamais d’actualité, la démobilisation des esprits est encore à réaliser.
    Aujourd’hui, dépassant la thèse d’une responsabilité allemande dans le déclenchement de la guerre et celle du traité de Versailles dans celui du Second conflit mondial, les historiens retravaillent ces questions en recherchant une perspective transnationale. 

(Conférence proncée le 15 janvier 1919)

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